La société ingouvernable, une généalogie du libéralisme autoritaire

Livre écrit par Grégoire Chamayou (Edition La Fabrique) et relayé par DIFF PORASG le 25/10/2018 à 22:25
Dernière mise à jour le 25/10/2018 à 22:37
Thématique : Politique
Zone géographique concernée : Planète
Zone géographique de diffusion : France


Partout, ça se rebiffait. Les années 1970, a-t-on dit à droite et à gauche, du côté de Samuel Huntington comme de Michel Foucault, ont été ébranlées par une gigantesque « crise de gouvernabilité ».

Aux États-Unis, le phénomène inquiétait au plus haut point un monde des affaires confronté simultanément à des indisciplines ouvrières massives, à une prétendue « révolution managériale », à des mobilisations écologistes inédites, à l’essor de nouvelles régulations sociales et environnementales, et – racine de tous les maux – à une « crise de la démocratie » qui, rendant l’État ingouvernable, menaçait de tout emporter.

C’est à cette occasion que furent élaborés, amorçant un contre-mouvement dont nous ne sommes pas sortis, de nouveaux arts de gouverner dont ce livre retrace, par le récit des conflits qui furent à leurs sources, l’histoire philosophique.

On y apprendra comment fut menée la guerre aux syndicats, imposé le « primat de la valeur actionnariale », conçu un contre-activisme d’entreprise ainsi qu’un management stratégique des « parties prenantes », imaginés, enfin, divers procédés invasifs de « détrônement de la politique ».

Contrairement aux idées reçues, le néolibéralisme n’est pas animé d’une « phobie d’État » unilatérale. Les stratégies déployées pour conjurer cette crise convergent bien plutôt vers un libéralisme autoritaire où la libéralisation de la société suppose une verticalisation du pouvoir. Un « État fort » pour une « économie libre ».

Présentation du livre à écouter dans l'émission  Avis critique de Raphaël Bourgois : Penser l'activisme.